vendredi 29 juillet 2011

Crisse de Job sale, la publicité


Jeudi passé, le 21 juillet, j'ai douté un instant de la pertinence d'oeuvrer dans le domaine de la publicité. Une discussion avec quelqu'un de mon patelin d'Hull m'a ébranlé. Depuis 2007, je n'avais jamais remis en doute une possible carrière dans le merveilleux monde de la communication (vous pouvez remplacer « merveilleux » par le mot de votre choix ici). Cette personne, qui demeurera inconnue aux fins de cet article, m'a abordé ainsi :

« Heille, crisse de job sale la publicité pareil! En tout cas, c'est loin d'être noble! Tu passes ton temps à essayer de vendre des cochonneries à tout le monde en leur inventant des histoires. Non. C'est pas noble du tout. »

Et moi de le questionner : « Tu crois pas que ça peut être noble, parfois? »

Et lui de répondre : « Nah, vous êtes tous des crosseurs. Voyons, c'est pas nouveau. Nike, Pepsi! Ça exploite le tiers-monde pis vous, vous trouvez le moyen de dissimuler toute ça pour faire mousser les ventes! Niaise-moi pas, tu' l sais que tu crosses le monde, Dom. »

Inutile de mentionner ici la présence d'un verre de Black Velvet dans sa main gauche, qui, sans nécessairement confirmer un état d'ivresse, laissait sous-entendre que l'individu en question avait perdu un peu de sa retenue habituelle. Fier et accoté sur le bar, cigarette aux lèvres avec les yeux plissés par la fumée, il m'a balancé tout ça comme un Yoda convaincu.


Perdu alors dans mes réflexions bousculées, où mes précieuses années d'études s'écroulaient finalement comme si elles n’avaient bel et bien servi à rien, je me suis ravisé. Je lui ai rétorqué, en finissant ma gorgée de Labatt 50 :

« T'as raison. Toi t'as une belle job propre! Mais tu vas finir par vieillir, comme tout le monde. Peut-être que tu vas avoir un cancer du poumon, peut-être que tu vas avoir besoin de sang. Ta famille va peut-être t'abandonner dans un foyer et peut-être même que tu vas avoir besoin qu'on te change les reins. »

Dressé sur son tabouret bistro, soudainement plus alerte, il me demande, les yeux bien ouverts : « Tu veux en venir où, Dom? »

Sans le regarder, en cherchant ma carte de débit, je lui ai répondu très calmement :

« Quand tu seras en train de mourir dans ton lit d'hôpital, tu penseras aux crosseurs qui t'ont convaincu d'arrêter de fumer, qui t'ont trouvé du sang, qui ont rappelé à ta famille de venir te voir et qui ont persuadé les Québécois de signer leur carte de dons d'organes. Tu serais sans doute déjà mort si y'avaient pas inventé d'histoires."

1 commentaire:

  1. Et si ce n'était pas des histoires. Après tout, on exprime simplement de manière plus accessible ce que d'autres personnes essayaient de dire déjà (ici comprendre nos clients)Histoire ou pas, on part d'une vérité pour leur embellir le message qui, plus souvent qu'autrement, est plate s'il n'est pas maquillé.

    J'aime souvent rappeler aux gens ce qu'ils portent au moment de nous donner leur impression sur notre métier.

    Véro

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